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Cameroun : Voix de Paix promeut la bonne gouvernance dans les communes de Maroua à travers des débats publics

 

Dans le but d’améliorer la gouvernance locale et réduire la perception de la marginalisation dans les régions du Nord et de l’Extrême-Nord du Cameroun, le projet Voix de Paix financé par l’USAID a organisé avec ses partenaires des débats publics à l’attention des communautés mardi dernier à Maroua. Pour atteindre ses cibles, Voix de Paix travaille avec les radios partenaires et les alliances dans 10 localités prioritaires du Nord et de l’Extrême-nord, ainsi qu’à Yaoundé. A ce titre, le projet s’appuie sur ces radios qui concourent à la production et à la diffusion de programmes radiophoniques destinés à promouvoir la participation des citoyens à l’amélioration de la gouvernance locale. Ces radios partenaires de Voix de Paix encouragent également le débat public sur les questions de sécurité et de gouvernance. C’est dans le cadre de ce partenariat que la radio communautaire Sawtu Ngeendam de Meskine a organisé le mardi 16 juillet dans la salle de fête du complexe Woila à Maroua, un débat public qui a mobilisé plus de 500 personnes et portant sur les questions de gouvernance dans les communes de Maroua I, II et III.

Retransmis en direct sur les antennes la radio, ce grand débat était articulé autour de trois grands thèmes: la communication sur les activités de la commune, la collaboration entre les élus de la commune et le paiement des impôts. Six débatteurs, devaient soutenir leurs arguments à tour de rôle afin d’éclairer l’opinion et susciter leur adhésion à une meilleure gouvernance. « Ce débat est un exercice théorique destiné à sensibiliser et à faire participer les citoyens à contribuer à la coexistence pacifique, à une meilleure gouvernance locale et au développement de nos communes bien-aimées. Ce n’est pas un exercice politique », a rappelé Bombo Bendouang Robert, directeur de la radio Sawtu Geendam. Ce dernier a encouragé les débatteurs à être francs, constructifs dans leurs arguments, tolérants et utiliser un langage responsable. Les débateurs du premier panel ont échangé sur la communication autour des activités de la commune de Maroua 1er. Certains débateurs ont rappelé aux conseillers présents qu’une communication permanente entre le maire et les populations au sujet des réalisations de la commune peut avoir un impact positif sur le changement de mentalité des populations. Cette communication doit être menée avec l’aide des conseillers municipaux, car c’est à travers eux que les populations peuvent s’informer sur leur commune. Les débateurs ont recommandé à la commune de Maroua 1er déjà très présente sur les réseaux sociaux, de renforcer sa communication en multipliant les canaux car même si les réalisations existent, les populations ne sont pas assez informées. Le second débat était axé sur la collaboration entre les élus de la commune de Maroua 2, garantie d’une meilleure gouvernance. Certains panélistes ont déploré l’absence de collaboration entre le maire et quelques conseillers municipaux ainsi que la faible présence des femmes au sein du conseil municipal. En effet, dans cette commune, sur 35 conseillers ont dénombre seulement 3 femmes. Les panélistes ont donc encouragé l’engagement des femmes en politique tout en recommandant une plus grande implication de celles-ci dans la gestion des affaires de la Mairie. Les débateurs ont appelé à une symbiose entre le maire et les conseillers municipaux qui doivent être au cœur des activités de la commune.

Lors du troisième débat, les panélistes ont échangé sur le payement des impôts comme gage de la bonne gouvernance. L’impôt, a été décrit comme le « carburant » des communes car il permet aux collectivités décentralisées de fonctionner et financer les projets destinés aux populations. Payer ses impôts est donc un devoir civique, ont rappelés les panélistes. Cependant, certains citoyens réticents car d’après eux les réalisations effectué avec cet argent collecté ne sont visible nulle part. A cet effet, les panélistes ont recommandé une sensibilisation plus accrue des populations par les élus afin qu’elles comprennent l’importance de l’impôt et payent afin de contribuent aux charge de la commune. Satisfait de la qualité des échanges fructueux lors de ce grand débat public, les participants ont recommandé aux élus municipaux la traduction dans les faits de tout ce qui a été dit lors des débats : « Qu’on dise aux maires des trois arrondissement ce qui a été dit par les citoyens, leurs attentes et que les connaissances soient mis en pratique pour améliorer la bonne gouvernance et développer nos communes », a recommandé Boubakary Nouhou, conseiller municipal. « Pour nous c’est un pari réussi, car cet événement a permis aux citoyens de se faire une idée des activités des communes et de savoir le rôle que chacun doit jouer pour qu’on améliore la gouvernance locale », se réjoui pour sa part Bombo Bendouang Robert Par Ebah Essongue


Garoua 1er : 75 jeunes formés à la fabrication et à la pose des pavés

L’objectif de cet atelier de formation est de donner aux jeunes en difficulté de l’arrondissement de Garoua 1er des formations en vue de leur insertion-économique, ainsi que le renforcement de capacité professionnelle de ces jeunes.

« Cette formation est une aubaine pour réduire le chômage des jeunes en milieu urbain et faire reculer les fléaux sociaux en permettant à ses jeunes d’apprendre un métier. Elle favorise également l’insertion socio-professionnelle des jeunes en difficulté dans la réalisation des projets d’investissement public, et elle favorise l’auto-emploi des jeunes », explique Mohamadou Kaou, maire de la commune de Garoua 1er donc la municipalité fait partie des 6 communes pilotes retenues par le ministère de l’habitat et du développement urbain pour bénéficier de cette formation à haute intensité de main d’œuvres (Himo). Durant trois semaines, les 75 jeunes bénéficieront simultanément des cours théoriques et pratiques sur les techniques de fabrication et pose de pavés. Des pavés écolos fabriqué à base de certains matériaux comme les déchets plastiques. D’après des résultats du laboratoire du génie civil camerounais, ces pavés sont trois fois plus résistants que ceux qui sont faits à base de ciment. A l’issu de cette formation les apprenants pourront donc se mettre à leur compte et devront être capable de conduire de bout en bout les microprojets locaux dans leur domaine de formation, être manœuvre dans les chantiers et ateliers ou encore produire des biens et services à partir des connaissances acquises durant cette formation. La mairie de Garoua 1er a par ailleurs consentis des efforts afin que le ministère de l’habitat et du développement urbain puisse doter la Mairie des équipements de production professionnelle des pavés, ce qui d’après le maire Mohamadou Kaou permettra de monter au sein de la Mairie un atelier moderne de fabrication des pavés « et les jeunes formés pourront être engagés à temps plein ou partiel ». Le sous-préfet de l’arrondissement de Garoua 1, Ismaïlou Adama a exhorté les 75 jeunes bénéficiaires de la formations faire preuve d’assiduité et de tirer au maximum profit de cette formation qui est une illustration parfaite de l’adéquation entre le couple emploi formation, une formation qualifiante qui leur permettra d’être efficaces directement sur le terrain. « Elle traduit dans les faits, l’importance que les pouvoirs publics accordent à la jeunesse », a déclaré Ismaïlou Adama qui ajoute : « Les pouvoirs public ont fait leur part, nous attendons votre part à présent ».


Garoua : la musique urbaine à l’honneur pour la clôture des vacances

C’est sans doute le weekend le plus animé de ses vacances dans la capitale régionale du Nord. Un weekend qui verra défiler quelques têtes de proue de la musique urbaine camerounaise de divers bords, du 01 au 02 septembre 2018 à Garoua. Entre le concert de Tenor au carrefour Yelwa, celui de Minks en compagnie de Maitre S à la maison du parti ou encore le show exclusif de la jeune talentueuse Shura pour la finale régionale de la compétition Challenge Vacances ; Garoua connaitra une fin de vacances explosive.

Tenor en lever de rideau le 01 septembre…

Après son méga concert au palais des sports de Yaoundé de deux heures d’horloge et qui a réussi à réunir environ 6000 personnes dont de nombreux fans qui se sont déplacés de plusieurs villes du pays pour Yaoundé afin de ne point rater ce concert historique, l’artiste Tenor s’apprête cette fois-ci à électriser la ville de Garoua où il est attendu ce samedi 01 septembre 2018 pour un concert prévu à partir de 15 heures au carrefour Yelwa. « Garoua est une ville dont l’artiste TENOR affectionne beaucoup car elle est paisible et le public est extrêmement accueillant. C’est un plaisir renouvelé pour lui et son équipe d’y aller une fois de plus. Il est clair que les performances de cet artiste sont très électriques, donc ceux qui feront le déplacement ne seront pas déçus car on aura un spectacle haut en couleur comme au Paposy», déclare Isidore Tameu, alias Thaphis, manager de l’artiste Tenor.

Un concert offert aux populations par l’opérateur de téléphonie mobile MTN et que l’artiste camerounais devenu une fierté nationale, créateur du concept « le fiang, le way, le ya mo »,  place sur le signe de la promotion de la musique urbaine camerounaise et qui sera entièrement basé sur l’ensemble des titres phares qui ont marqué sa jeune carrière, lui le poulain de la maison de production internationale Universal et qui ne cesse de gravir les échelons

L’artiste promet de mettre le feu à Garoua en compagnie de King Kreol et des artistes locaux invités en première partie, pour le grand bonheur de ses fans qu’il appelle affectueusement les Tenorifies. Et on annonce déjà la présence à Garoua de nombreux jeunes venus des villes voisines pour vivre ce moment exceptionnel. « Comme au Palais polyvalents des Sports de Yaoundé, le carrefour Yelwa sera plein ce samedi 01 septembre 2018 à l’occasion de ce méga concert. Rendez-vous pour un show 100% camer », conclut l’artiste.

 

 

Mink’s, Shura et Maitre S, un duo explosif à la maison du parti

Pas de répit pour l’artiste camerounais Mink’s. A peine revenu de sa tournée américaine à l’occasion de laquelle il s’est produit dans la mythique salle du Fillmore Silver Spring à Maryland le 28 juillet 2018 pour le Made in Cameroon Music Festival, le prolifique rappeur artiste du label Ach4Life reprend la route pour cette fois-ci déposer ses valise à Garoua où il est attendu pour un méga show prévu ce dimanche 01 septembre 2018 à la Mais<on du parti à partir de 15 heures. Le concert qui est organisé par le label Kanao Entertainment sera également rehausser par la présence sur scène des artistes locaux à l’instar du très prometteur Spenso a.k.a Maitre S, Benken, Ergy, Incha Allah ou encore le talentueux Franco Dirène.

Comme à son habitude, Mink’s va à coup sûr enflammer le public du Septentrion qui est fan de l’artiste et de ses nombreux tubes à l’instar de ça va te tuer (ft Dj Keny), couper l’appétit (ft Fanicko), mon goût (ft X Maleya), toucher le plafond (ft Floby), Minbayeur (ft Blanche Bailley), ou encore le hit planétaire le gars-là est laid.

Et à sa descente d’avion, l’artiste n’a pas manqué d’invité ses fans à travers un joli message : « Rdv à la maison du parti de Garoua ce samedi 1er septembre pour le dernier concert des vacances. Toute la jeunesse du Grand Nord est conviée. Mes gens de Ngaoundéré, Maroua, je vous attends dès 15 à la maison du parti de Garoua. Nous ferons le show ensemble ».

 

Shura pour une clôture explosive des vacances le dimanche le 02 septembre…

Le dimanche 02 septembre 2018, à quelques heures de la rentrée scolaire 2018-2019, aura lieu la finale régionale Nord de la compétition sous régionale Challenge Vacances. L’évènement que organise la structure Planète Saladin du très réputé Idriss Saladin connaitra ce dimanche 02 septembre les représentants de la région du Nord à la grande finale nationale. Une finale régionale qui regroupera sur scène une belle brochette d’artistes de divers bords à partir de 14h à la maison du parti de Garoua. En plus des compétiteurs dans plusieurs disciplines, le public aura également en exclusivité la belle chanteuse camerounaise Shura qui est passé à la vitesse supérieure depuis la sortie de son dernier titre « allez dire ». Celle qui fait de plus en plus parler d’elle dans l’océan de l’afropop d’Afrique francophone partagera la scène avec Maitre S et de nombreux autres artistes locaux. Bonne fin de vacances !


Bienvenue dans la république des moutons présidents ! (Partie 1)

Encore appelée fête de l’Aïd el-Kébir ou Tabaski, sera célébrée par toute la communauté musulmane camerounaise le mardi 21 août 2018. Et les moutons présidentiels font fait parler d’eux en marge de cette fête célébrée cette année sur fond de vie chère.

Bouba posant fièrement avec Popol et Poutine
Bouba Weston pose fièrement avec Popol et Poutine

« Ils sont tous les deux âgés de deux ans et ils valent chacun 250.000f. Je vous présente Popol son homologue Vladimir Poutine ce sont les présidents de tous ses moutons», me lance fièrement Bouba Weston, vendeur à « loumo balii », le marché au bétail de Garoua. Des moutons présidents ! Pur Bantou largué en plein Sahel, je n’en revenais pas. Mais j’étais loin de me douter que je n’étais  qu’au début de mes surprises. Car comme Popol et Poutine j’allais découvrir plus tard qu’il existe de nombreux moutons présidentiables au Cameroun. Tels des hommes politiques pendant la campagne électorale, ces moutons imposants pour la plupart de par leur gabarit, profitaient alors de la Tabaski pour faire leur one man show, puisqu’ils deviennent d’office le centre de toutes les attentions. Leur palais, le marché au bétail. Dans ce marché situé sur les berges du fleuve Bénoué et dédié à la vente des petits ruminants, jusqu’à tard dans la soirée du lundi 20 août, l’heure sera encore aux négociations très houleuses entre les vendeurs et les fidèles musulmans qui voudront absolument avoir un mouton pour l’immoler le jour de la fête après la prière rituelle, comme le prescrit le dogme islamique.  Ceux qui n’ont donc pas encore acheté leur mouton feront des pieds et des mains pour l’avoir avant le jour j car, apprend-t-on chez les marchands de bétail, la règle est qu’au fur et à mesure qu’on se rapproche de la fête, les prix explosent. Et cette année la demande est particulièrement abondante malgré l’offre qui a du mal à suivre et les particulièrement élevés.

l'entrée du marché au bétail
L’entrée du marché au bétail de Garoua

Sourire aux lèvres, Abdoulaye, jeune démarcheur, se rapproche de moi et me présente Macron. Un jeune bélier aussi haut que la tour Effel et qui visiblement n’est pas à la portée de la première bourse. « 120 000F ou rien. C’est mon dernier prix, et de toute façon comme l’Elysée, mon mouton ne pourrira pas ». J’étais certes un peu scandalisé, mais curieux tout de même se savoir comment fonctionne ce milieu. A peine ai-je eu le temps d’échanger avec Abdoulaye qu’un client, donc le boubou grassement amidonné et le parfum qui prenait en otage vos narines après son passage trahissaient son aisance matérielle, s’approcha et pointa du doigt le costaud Poutine.  Une très courte discussion s’en suivi et quelques minutes plus tard c’est derrière le coffre d’une luxueuse Toyota Rave 4 que le mouton Macron élu domicile. Il avait été finalement vendu à 113.000 francs Cfa Lorsque nos regards se croisèrent je lus comme de la tristesse dans ses yeux, même si intérieurement je me disais qu’il devait être particulièrement appétissant une fois immolé et assaisonné le français Macron !

Décider à rencontrer tous les moutons président du marché, je fis par la suite la rencontre de Laurent Gbagbo, un bélier de taille moyenne, engraissé durant quatre mois et qui coutait 65000f. Son propriétaire m’expliqua qu’il était un fan de l’ancien président ivoirien et qu’en solidarité à ce dernier, il a baptisé un mouton en son honneur. A côté, un mouton turbulent attira mon attention. « Oooh lui c’est Donal Trump » me lançât le vendeur, un air sérieux. Après cette rencontre d’un autre genre je décidais de mettre un terme à mon investigation, car à cette allure je risquais de tomber sur Brigitte Macron ou encore Simone Gbagbo…. version mouton bien évidemment !Le prix d’une bête est fixé sur la base de certains critères tels que la taille, le poids, l’âge et l’apparence de la bête. Par exemple, si le mouton est bien entretenu et bien engraissé, son prix est loin d’être à la portée du premier venu. « Les plus prisés ce sont les moutons soudanais à cause de leurs tailles et leur physique imposant. Il y’en a qui coutent même 200.000 francs. Les moutons qui sont gras et âgés d’au moins deux ans se vendent chèrement parce qu’ils sont assez adultes », explique Alioum Mohaman. A l’ère des réseaux sociaux, les commerçants n’hésitent pas à mettre à contribution facebook ou wahtsapp pour vendre leurs moutons. D’ailleurs dans des groupes tels que « moutons moins chère » ou encore « venez me tromper », les marchands publient des photos de leur bétail ainsi que les prix puis les discussions se poursuivent en privé entre l’acheteur et le vendeur.

Un mouton chez un particulier
Un mouton chez un particulier…en attendant la fête

Selon le Coran, le mouton à sacrifier doit être sans défaut. Il doit avoir plus d’un an, il doit voir des cornes et il ne doit avoir aucune lésion corporelle ni de membres fracturés ou de cornes cassées. Malgré les prix excessifs, les fidèles résignés avouent ne pas trop avoir le choix, afin de fêter dignement la Tabaski. Certains confient qu’ils iront voir dans le réseau des « moutons d’occasion » pour avoir un mouton de « seconde main » le jour même de la fête. La journée du  21 août sera marquée par la traditionnelle prière qui sera présidé par sa majesté le Lamido de Garoua, Alim Hayatou,  à 8h15 au champ de prière de la grande mosquée située au quartier Marouaré, en présence du gouverneur de la région du Nord. Une communication du Lamido aux fidèles rassemblés en ce jour de fête et de piété est également prévue. Après le rituel de prière, les fidèles procéderont à l’immolation de leur mouton. Qu’est-il advenu de Popol, Obama, Gbagbo ? Probablement au fond d’une marmite voire même déjà au fond de l’estomac de leurs acquéreurs. Pathétique quand même lorsque je deviens sentimental. Vite, tournons la page, le Diable passe…. Vive les moutons présidents et bonne dégustation !

 


Les Griots, artisans de la parole

Un monde sans griots, c’est comme une bibliothèque sans livre.

Griots lors d'une cérémonie à Dembo
Griots lors d’une cérémonie à Dembo

Parce qu’il maîtrise le verbe et son instrument à la perfection, il est recherché pour animer les fêtes. Parce qu’il connaît tout de l’histoire des familles et n’a pas d’interdits, il est craint. Il peut chanter les louanges d’une lignée ou menacer d’en révéler ses secrets honteux. Lui, c’est le griot. On parle aussi de djeli, jasare, gesere ou même bambado.

Hayatou Ibbal, 52 ans, originaire de Belel dans la région de l’Adamaoua, est aujourd’hui l’une des figures de proue de cette caste de musicien, poète, historien, conteur et en même temps gardien des traditions. Il affiche à son compteur 32 ans de carrière. « On ne s’auto-proclame pas griot. On naît dans une famille de griots comme les Diabate ou les Kouyate au Mali ou on est formé par un griot comme ce fut mon cas », précise Hayatou Ibbal qui a été initié au griotisme par Hamidou Ma Mboullo à Mbanrey. « L’art de la parole est un héritage qui se transmet de père en fils, de génération en génération. C’est également un don s’agissant notamment de mon cas. Etant encore un enfant, pendant que je gardais le troupeau j’en profitais pour fabriquer ma garaya. C’est ainsi que j’ai commencé à en jouer jusqu’à mon initiation par mon maitre formateur », explique-t-il. « Etre griot c’est un métier à plein temps qui nous permet de faire face à certaines de nos obligations. Je suis un peu comme un chef d’entreprise car je dois m’assurer que les musiciens et les chanteurs de mon orchestre perçoivent une rémunération car certains parmi eux ont des bouches à nourrir », explique Hayatou Ibbal.

Conteur, poète, moraliste, instructeur, fidèle gardien de la tradition orale, le griot joue par ailleurs un rôle important dans la société. Son statut fait de lui le conseillé le plus éclairé et le plus proche des rois, des princes et aujourd’hui des autorités administratives. « Connaissez-vous une grande manifestation dans laquelle l’on ne convie pas un griot ? Donner à un griot est un geste de grandeur et un honneur en même temps, entendre chanter un griot éloigne momentanément les uns et les autres de leurs soucis. Nous sommes les conservateurs incontestés des mœurs ancestrales, le trait d’union entre la passé, le présent et le futur », lance le griot Hayatou Ibbal.

Griots du lamidat de Demsa lors d'une parade
Griots du lamidat de Demsa lors d’une parade

Mais malgré tous ses bons points, les griots font face à de nombreux problèmes. « Nous sommes exclu des activités culturelles d’envergure telles que la fête de la musique alors que nous sommes des chanteurs traditionnels. Nous ne sommes pas du tout considérés ou très peu, contrairement à nos autres collègues de l’Afrique de l’Ouest par exemple. Moi qui vous parle, depuis 2008 ma demande de subvention dans le cadre du compte d’affection spéciale est resté sans suite au ministère des arts et de la culture. Et comme si l’injustice ne suffisait pas, des griots pourtant membres des sociétés de gestion des droits d’auteurs, décèdent dans l’indifférence totale sans que l’on ne daigne lever le petit doigt pour une aide quelconque à leurs familles », s’indigne Hayatou Ibbal qui reste tout de même optimiste : « J’espère qu’un jour les choses vont évoluer positivement pour notre caste. J’entends par là une meilleure prise en compte lors des répartitions des droits d’auteurs, plus d’attention et d’encadrement de la part du ministère des arts et de la culture, une plus grande représentativité dans les manifestations culturelles officielles tant sur le plan régional que nationale ».

S’ils conservent encore aujourd’hui leur statut prépondérant dans le grand nord, certains griots ont par ailleurs franchi les portes de la gloire grâce à leur musique. En faisant vibrer les sens lors des mariages et autres cérémonies, leur musique s’est aussi imposée dans le grand marché commercial et au fil des ans des noms s’imposent dans le paysage musical. On peut citer notamment Sali Yao Ngong, Hayatou Ibbal, Babba Sadou, Abba Djaouro ou encore Amadou Rasta et bien d’autres griots qui ont enrichi la musique traditionnelle sahélienne de nouveaux instruments plus modernes (guitares, batterie, cuivres) et lui ont apporté de nouvelles couleurs, de nouveaux rythmes pour le grand bonheur des mélomanes.

A travers leurs travaux artistiques de nombreux griots ont contribué à étoffer le patrimoine musical traditionnel du Cameroun. Mémoires de l’oralité, quelques noms figurent en pole position au panthéon des griots du grand nord. Notamment celui de  Boukar Doumbo. Analphabète, comique et bon vivant, il fut pourtant le griot le plus adulé de l’élite  Nordiste dont il chanta les louanges toute sa vie. Le feu président Ahmadou Ahidjo du Cameroun ou encore le président Gowun du Nigeria comptait parmi ses plus grands admirateurs. Sa voix aigüe et porteuse, sa spontanéité et l’ingéniosité de ses compositions constituèrent son capital. Tout comme Falama Dargala, Mal Adji Molorou, Doudou Béka, Maï Djidda Tchidal  ou encore Mama Bourtou de Rey Bouba. Tous des griots de légendes qui avaient l’art de façonner à leur manière la parole, leur manière première.

 


CINEMA: ÇA TOURNE POUR LES JEUNES CINEASTES CAMEROUNAIS !

A l’initiative de Maïmounatou Bourzaka, promotrice du site internet CinéCamer, la première édition de la JOURNEE DU JEUNE CINEASTE se tient ce samedi 10 février à Yaoundé.

Cameroun, pays dénué de salle de cinéma pourtant peuplé de cinéphiles et de nombreux praticiens du 7e art, talentueux mais en manque de visibilité et la légitimité. C’est dans ce contexte marqué par l’absence d’espace de projection et où les populations n’ont plus accès aux productions locales de plus en plus nombreuses et de qualité que la jeune Maïmounatou Bourzaka propose un début de solution à travers la Journée du jeune cinéaste, prévu ce samedi 10 février 2018 au centre de lecture (CLAC)  de Mimboman de 13 heures jusqu’à 20 heures.

Organisé par le site d’information dédié au cinéma camerounais CineCamer en partenariat avec le CLAC dans le cadre de la célébration de la fête de la jeunesse, l’évènement qui en est à sa première édition, a pour principaux objectifs de « promouvoir le cinéma camerounais, de distraire et donner à voir des films de qualité au public, de favoriser la rencontre de entre cinéastes et cinéphiles », explique Maïmounatou Bourzaka, promotrice de CinéCamer et qui à l’occasion de cette Journée du Jeune Cinéaste entend également réconcilier le cinéma camerounais et son public tout en favorisant l’accès des populations aux œuvres des cinéastes camerounais, participer au développement de l’industrie cinématographique camerounaise et enfin susciter des vocations et l’intérêt des jeunes aux métiers du cinéma.

Les activités dans le cadre de l’événement connaitront deux articulations majeures à savoir la projection de films de jeunes réalisateurs camerounais et une conférence autour du thème de l’évènement : Jeunesse et rayonnement du cinéma camerounais. La dite conférence sera coordonnée par Marie Nadège Tsogo et réunira autour d’une même table des réalisateurs, acteurs, promoteurs de festivals et producteurs et des projections de films essentiellement camerounais.

S’agissant des films qui seront projetés lors de la Journée du Jeune Cinéaste, « ce sont d’abord des films réalisés par des jeunes camerounais Films de qualités Films ayant été récompensés dans de nombreux fait festival », précise la promotrice. Et la programmation semble plutôt alléchante avec au menu des films courts métrages tels que Walls de Narcisse Wandji, Caesar de Dr Nkeng Stephens, Nyangono réalisé par Jean Marc Anda, Miranda de Blaise Option, Héritage de Yollande Welimoum, Mes Vampires de Lea Malle Franck ou encore Decoded de Enah Johnscott. Les cinéphiles présents au CLAC découvriront également en avant-première le film Surprise, encore en post-production d’Alphonse Ntep et Time de Hervé Moukoko en projection pour la première fois au Cameroun. Parmi les films sélectionnés, figurent également deux grands classiques du cinéma camerounais : Quartier Mozart de Jean Pierre Bekolo et Muna Muto de Dikongue Pipa.

 

Maimounatou Bourzaka: « Les acteurs camerounais sont classés parmi les meilleurs en Afrique »

« L’idée de proposer cet évènement est parti de mon expérience et de mon travail au sein du festival Ecrans Noirs. Étant responsable de la communication digitale, nous étions chargés d’élaborer le catalogue. Catalogue qui devait contenir les différentes informations sur les réalisateurs et les synopsis des films. C’était un véritable chemin de croix pour nous car il n’y avait à l’époque pas de sites consacrés au cinéma camerounais et la majorité des réalisateurs n’était pas encore présente sur les réseaux sociaux comme aujourd’hui. Aussi, après étude et observation, hé me suis rendue compte que le cinéma camerounais était méconnu du public. Ceci à cause de nombreux problèmes à savoir la fermeture des salles, la vulgarisation des espaces de téléchargement de films en ligne et la diffusion de mauvais films camerounais par certaines chaines locales. C’était très choquant, révoltant de savoir que nous avons des films de qualité qui remportent de grands festivals internationaux alors qu’ils sont méconnus des Camerounais. Les acteurs camerounais sont classés parmi les meilleurs en Afrique sans pour autant être connus chez eux. Je me suis donc dit que la projection de films de qualité serait un moyen de réconcilier le public camerounais et son cinéma »


Au Cameroun, la difficile réinsertion des repentis de Boko Haram

Malaise au Cameroun, où les communautés ne sont pas préparées à accepter le retour des ex-combattants de Boko Haram.

Des ex-combattants de Boko Haram |© Guibaï Gatama

Depuis le 20 octobre 2017, « les repentis », des ex-combattants de Boko Haram, déposent les armes et regagnent leur village. Baba Oumaté, Bana Yerima, Modou Alhadji Abba et Abba Oumaté sont les premiers noms inscrits dans ce cahier d’un retour au pays natal, le Cameroun. Ils ont rejoint la secte en 2014, d’abord comme otages, avant de prendre les armes pour combattre dans les rangs du groupe terroriste. Trois ans après, ils ont décidé de se rendre aux autorités afin de « regagner leur village et commencer une nouvelle vie ». Ils ont été réceptionnés par le comité de vigilance de Tolkomari, puis remis aux autorités pour être entendus. Ils ont par ailleurs jurés sur le Coran qu’ils ne collaboreront plus avec Boko Haram. Trois jours plus tard, le 23 octobre 2017, Garba Modou, ex-combattant de Boko Haram, a suivi la même démarche que ses quatre camarades et s’est rendu à son tour aux autorités de la localité de Tokolmari dont il est originaire.

Comme une trainée de poudre, la désertion dans les rangs de Boko Haram s’est poursuivie. Le 24 octobre dernier, Boukar Modou, Awana Modou, Aouza Modou et Zaram Pardama, quatre combattants du groupe terroriste, se sont rendus aux membres du comité de vigilance de Tokolmari. Après un passage par la gendarmerie de Tolkomari et la compagnie de gendarmerie de Mora, les quatre ex-combattants ont, comme leurs prédécesseurs, juré sur le Coran de changer radicalement de vie et s’interdire tout lien avec Boko Haram. Cette défection ne sera pas la dernière puisque deux jours plus tard, un ex-commandant de Bako Haram et son élément ont quitté le groupe terroriste. Baba Goïgoï et Ahmadou Oumaté ont officiellement quitté le groupe terroriste et se sont rendus aux autorités.

Pour les autorités camerounaises, c’est une victoire de voir des combattants déposer les armes et regagner leur village. C’est un nouveau chapitre dans la guerre contre Boko Haram qui s’ouvre. Cependant, le Cameroun ne dispose pas encore de programme officiel dédié à la réinsertion des anciens combattants de la secte terroriste et aucune politique assumée en la matière comme c’est le cas au Nigeria, au Tchad ou encore au Niger. Ce dernier a lancé en 2016 un programme d’amnistie et de réinsertion pour les anciens combattants de Boko Haram. Niamey propose l’armistice aux anciens combattants qui sont cantonnés dans le camp de transit de Diffa, où ils sont ensuite formés ou réformés afin qu’ils puissent retrouver une vie sociale et abandonner leurs idées extrémistes. Pour éviter la récidive des ex-combattants camerounais de Boko Haram, après un bref séjour chez les forces de défense et de sécurité où ils sont débriefés, ceux-ci sont ensuite conduits dans leur village où, en présence de la plus haute autorité religieuse, ils jurent sur le Coran couper tout lien avec Boko Haram. Difficile de se prononcer avec certitude l’efficacité de cette méthode que beaucoup estiment légère pour d’anciens combattants d’un groupe qualifié de plus meurtrier au monde en 2015 par le Global Terrorist Index for Economy and Peace.

Un ex combattants jurant sur le Coran |© Guibaï Gatama

Radicalisés hier et repentis aujourd’hui, pour les populations la pilule est plutôt amère et difficile à avaler. Car comment croire en la sincérité de son bourreau d’hier qui a égorgé, kidnappé, pillé et brûlé des villages entiers afin de prouver sa loyauté à la secte islamiste ? « Boko Haram profite de la religion pour embobiner les gens et tu ne fais que tuer tes parents, ton frère, tes amis », témoigne d’ailleurs un ex-combattant. Tout laisse donc croire que la relation entre les populations et les anciens combattants sera très conflictuelle, et si l’Etat du Cameroun ne prend pas rapidement des mesures, ces retours des ex-combattants pourraient engendrer d’autres problèmes sécuritaires.

L’urgence d’une action de réinsertion et pardon s’impose plus que jamais. « Malgré ce qu’ils ont fait, on doit les accueillir. Ils reviennent d’un endroit interdit, contre leur volonté très souvent, ils ont épousé des idéaux que nous rejetons. Les laisser dans la nature, pointer du doigt et stigmatiser, je ne pense pas que ce soit une bonne chose. Il serait plus bénéfique que l‘Etat fasse faire des suivis sur du long terme pour ces hommes, ces femmes et ces enfants qui reviennent », estime Geanette Nonga, humanitaire en service dans le Mayo Sava.

Selon plusieurs observateurs, les rangs du groupe terroriste Boko Haram se fissurent chaque jour encore plus et le nombre de combattants ne cesse de diminuer. La désertion des éléments du groupe terroriste enregistrée depuis peu au Cameroun illustre le mal qui ronge actuellement le mouvement terroriste, désarticulé par la montée en puissance militaire des Etats membre de la Force Multinationale Mixte. Sur le terrain, il est par ailleurs constaté une nette diminution des attaques terroristes dans l’Extrême-Nord depuis quelques temps, région qui était l’objet d’assauts quasi-quotidiens voici un trimestre encore.


Djaïli Amal, une plume engagée pour les femmes du Sahel !

L’écrivaine Peule veut illuminer l’avenir des femmes du Sahel grâce à l’éducation des jeunes filles. Un combat qu’elle mène avec comme seule arme sa plume, sur un terrain miné d’obstacles socioculturels et économiques.

L’écrivaine Peule Djaïli Amadou Amal à Maroua

Le visage radieux, la petite Rabiatou, élève en classe de 4e au lycée bilingue de Domayo, ne cache pas sa joie d’aller à l’école. Il y a deux ans, son entrée en 6e en poche, son tuteur avait pourtant décidé de la donner en mariage à un riche commerçant pour en faire sa deuxième épouse. Mais grâce à l’appui de sa grande sœur, infirmière dans une formation hospitalière, la fillette a pu être sauvée de ce mariage forcé et a poursuivi ses études. Si le cas de Rabiatou a connu un heureux dénouement, d’autres filles par contre ont vu leur rêve brisé par des parents qui voient en elles des marchandises. Or, la sous-scolarisation et la déscolarisation sont des problèmes importants qui entravent l’épanouissement et le développement de trop nombreuses jeunes filles. Aujourd’hui, la scolarisation des jeunes filles fait de timides progrès dans les régions septentrionales du Cameroun. Des efforts sont faits du côté du gouvernement camerounais et de ses partenaires dans ce domaine. Plusieurs rapports prouvent qu’une fille scolarisée pourra de manière plus efficace contribuer à son bien-être personnel, au bien-être des siens et au développement de son pays. C’est d’autant plus vrai que l’on connaît le rôle social et économique de la femme dans la société.

Parmi les mauvais élèves, la région de l’Adamaoua et la région de l’Extrême Nord. Selon l’Unesco, dans ces régions, on dénombre plus d’un million de filles âgées de 10 à 19 ans, qui sont analphabètes, cela représente 31,9 % des filles de la région (Institut de statistique de l’UNESCO, 2016).

Plusieurs facteurs expliquent cette sous-scolarisation des jeunes filles, ce sont principalement des obstacles socioculturels et économiques qui limitent leur scolarisation. En zone rurale les freins à la scolarisation des jeunes filles sont : la pauvreté, l’analphabétisme des parents ou encore les normes culturelles.

 

« L’éducation doit redevenir une des valeurs essentielles de notre monde, elle doit rayonner de nouveau, elle doit s’imposer comme une force de bonheur, d’épanouissement, d’espérance. » Nelson Mandela, 1996.

Djaïli Amadou Amal sensibilise les jeunes filles

Afin de faire bouger les lignes, l’écrivaine Djaïli Amadou Amal, sous le couvert de l’association Femmes du Sahel, a mené une campagne de sensibilisation dans les établissements d’enseignement secondaire dans les villes de Banyo,  Mayo darle,  Ngaoundere,  Garoua et Maroua. Cette campagne a duré un peu plus d’un mois, elle s’est déroulée du 10 septembre au 23 octobre, avec le soutien de l’ambassade des Etats-Unis. Le projet visait à «encourager les filles à poursuivre les études le plus loin possible afin de lutter contre les déperditions scolaires, les maux comme le mariage précoce et forcé,  les violences », explique Jaïli Hamadou Amal. Elle précise par ailleurs que «les filles constituent les couches les plus vulnérables dans la société, c’est là où le problème se pose avec urgence. L’objectif final était d’amener les jeunes filles à prendre conscience de leur place dans la société, une place centrale, une place active. Les jeunes filles doivent comprendre quel rôle elles peuvent jouer dans la société, un rôle important comme acteur social pour le progrès et pour le développement.»

Djaïli Amal est la première écrivaine de sa communauté, la communauté Peule du grand nord du Cameroun, elle est l’auteur des romans à succès Walaande l’art de partager un mari et Mistiriijo la mangeuse d’âme. Au total, elle a visité  13 établissements de la partie septentrionale du Cameroun pour faire passer le message de cette campagne. A chaque rencontre, elle donnait une conférence sur support Power Point autour du thème « Education des filles, vecteur de développement », sous le prisme de son premier roman.

Selon les responsables de l’association Femmes du Sahel, au terme de cette campagne les résultats sont plutôt satisfaisants en termes d’impact. « Toutes les rencontres ont été couronnées de succès, on a observé une forte implication du personnel des établissements qui ont bien accueilli cette initiative. Nous avons touché environ 7000 filles avec lesquelles nous avons établi un dialogue direct et soutenu. Nous nous sommes assuré que le message est bien passé», confie Djaïli Amadou Amal.

A travers cette action (et bien d’autres) qu’elle mène sur le terrain, l’association espère lever le verrou des obstacles socioculturels et économiques qui limitent la scolarisation des jeunes filles dans la partie septentrionale.

Femmes du Sahel est une association à but non lucratif créée en 2012 par Djaïli Amadou Amal. L’association, qui possède plusieurs antennes dans les différentes régions du Cameroun, est composée d’une cinquantaine de membres actives/actifs. Ce projet de sensibilisation dans les établissements d’enseignement secondaire rentre dans la droite ligne de ses axes opérationnels majeurs notamment celui de l’éducation et du développement de l’activité des femme dans le Nord Cameroun.

Elle mène en particulier des actions de promotion de l’éducation de la femme et de la jeune fille, de sensibilisation contre le mariage précoce et forcé et de sensibilisation contre toute forme de violence faite aux femmes.

Jeunes filles au collège Mazenod de Ngaoundéré lors de la campagne

Ce billet fait partie du #MondoChallenge sur le thème « Le monde n’est pas si sombre ».


Cameroun – Touroua: sur les traces des déplacés internes de Boko Haram

Les exactions de Boko Haram ont contraint des habitants des villages de l’Extrême-Nord à fuir vers l’arrondissement de Touroua, dans la région du Nord Cameroun.

Refugiés au camp de Minawao. © Reinnier KAZE / AFP
Refugiés au camp de Minawao. © Reinnier KAZE / AFP

Les attaques de la secte terroriste Boko Haram ne causent pas que des morts, des dégâts matériels ou encore des blessés. Ces attentats et autres incursions meurtrières dans les localités de la région de l’Extrême-Nord contraignent aussi et surtout de nombreuses populations à se déplacer vers des zones moins conflictogènes. Selon des estimations récentes, ce sont près  de 200.000 Camerounais de la région de l’Extrême-Nord qui ont fui leurs villages, situés à la frontière du Nigeria, redoutant les exactions de Boko Haram. Certains ont trouvé refuge dans des camps aménagés pour accueillir des personnes déplacées internes (PDI) tandis que les plus téméraires ont décidé de se laisser entraîner par l’espoir, en quête d’une vie nouvelle, loin de la terre de leurs ancêtres et de leurs villages, pillés et brulés par Boko Haram.

C’est le cas de Bouzara Hahad, Camerounais de 28 ans, originaire du village Mawa dans l’arrondissement de Koza. « Ce sont les exactions de Boko Haram, dans l’arrondissement de Mayo Moskota, voisin à mon village, qui m’ont poussé à partir. Je me suis dit que tôt au tard mon village allait aussi subir la furie dévastatrice et meurtrière des membres de Boko Haram, qui sont sans pitié car ils tuent, incendient des villages entiers, pillent et volent du bétail. C’est la peur au ventre que j’ai décidé, en mars 2013, d’abandonner mon village pour prendre la route de l’exil et me retrouver aujourd’hui à Hinga, à des milliers de kilomètres de mon village natal», témoigne, encore bouleversé, Bouzara Hahad.

Terrifié par les atrocités, Bouzara Hahad n’envisage pas de retourner à Mawa. « Je ne peux plus retourner à Mawa car désormais chez moi c’est ici, Boko Haram en a décidé ainsi pour nous les déplacés.  En plus, dans mon village, si tu n’as pas au moins deux hectares de terre cultivable, tu ne peux pas subvenir à tes besoins et encore moins à ceux de ta famille. Boko Haram a enlevé ma cousine en 2014 et, depuis lors, nous n’avons plus de ses nouvelles. Est-elle devenue une kamikaze ou épouse d’un membre de Boko Haram ? Est-elle décédée ? Dieu seul sait. Malgré la souffrance je suis contraint de demeurer à Hinga », explique le jeune-homme résigné.

Bouzara Hahad, déplacé interne vivant à Touroua. © Ebah Essongue Shabba
Bouzara Hahad, déplacé interne vivant à Hinga. © Ebah Essongue Shabba

Depuis 4 ans déjà, Bouzara Hahad vit à Hinga, un village situé dans l’arrondissement de Touroua, à des kilomètres de Garoua, la capitale de la région du Nord Cameroun. Il a abandonné ses études en classe de première, faute de moyens financiers, et il s’est reconverti dans l’agriculture. Marié et père d’un enfant, Bouzara Hadad vit grâce aux revenus qu’il tire de son exploitation agricole et de l’assistance du Codas Caritas, le comité diocésain de développement des activités sociales de l’archidiocèse de Garoua, à travers son programme « Justice et Paix ».

Badina Emmanuel, déplacé interne vivant à Banda. © Ebah Essongue Shabba
Badina Emmanuel, déplacé interne vivant à Banda. © Ebah Essongue Shabba

Badina Emmanuel est également un déplacé interne. Le jeune de 19 ans est originaire de Moskota, dans le département du Mayo Sava. Cependant, Badina résidait à d’Achigachia, un village de l’Extrême-Nord du Cameroun, frontalier du Nigeria et cible de plusieurs assauts des islamistes nigérians. Face à la récurrence des attaques du groupe, Badina Emmanuel retourne vivre à Moskota, avant de finalement se résoudre à fuir loin de cette zone à risques. C’est ainsi qu’en 2015 il dépose ses valises à Banda, un village enclavé de Touroua.

« J’ai eu raison de fuir car le jeudi 17 août 2017, Boko Haram a attaqué mon quartier, où vivent mes parents. Ils ont brûlé des maisons et j’y ai perdu tous les biens que j’avais laissés au village. Lors de cette sanglante attaque, ils ont tué mon voisin et ils ont enlevé ses six enfants devant leur mère impuissante. Comme si cela ne suffisait pas, quelques jours plus tard (le mercredi 6 septembre 2017, ndlr), ils ont attaqués le village voisin de Dzaba où ils ont incendié 46 cases, tués 3 personnes et enlevé 8 personnes », raconte Badina Emmanuel, horrifié par ses atrocités. « Je suis traumatisé, j’ai vu beaucoup des morts, je veux tourner la page », ajoute-t-il.

Fuyant l’horreur, ils sont des centaines de déplacés à avoir trouvé refuge dans l’arrondissement de Touroua. Ils ont bénéficié de l’assistance des autorités traditionnelles à leur arrivée dans chaque village. « A notre arrivée nous avons été accueillis par le chef de village qui nous a aussitôt donné des parcelles cultivables et nous avons aussi reçu l’aide alimentaire des âmes de bonne volonté par l’entremise du Codas Caritas », explique Bouzara Hahad, qui se plaint cependant de l’accès difficile à l’eau potable, ce qui expose les populations aux maladies hydriques.

« Une fois que les déplacés ont été identifiés par les autorités, nous prenons alors le relais en nous approchant d’eux pour leur apporter notre soutien psychologique et alimentaire. Nous faisons appel à la générosité des fidèles paroissiens,  auprès de qui on collecte de la nourriture, que nous leur distribuons ensuite », explique Haman Moïse, délégué paroissial « Justice et Paix » de Codas Caritas.

La cohabitation entre les personnes déplacées et les autochtones n’est pas toujours chose facile, en témoignent les tensions et autres conflits avec les éleveurs générés après l’arrivée des déplacés. « Il n’y a que le dialogue dans ce cas de figure. Celui-ci est mené par le comité local de règlement des conflits agro-pastoraux », explique Haman Moïse. Une méthode payante qui, jusqu’ici, permet de garantir la paix, la cohésion sociale et permet l’intégration des déplacés internes au sein de leur nouvelle communauté.

« S’intégrer en travaillant peut aider à contrer Boko Haram car ceux qui ne font rien vont grossier les rangs de Boko Haram qui les paye à coup de million pour mener des attaques terroristes et venir tuer leurs parents et leurs frères. A l’Extrême-Nord nous avons vu nos propres frères venir commettre des attaques, égorgés des populations et commettre des attentats suicides », témoigne Bouzara Hahad.

 


Nord Cameroun: l’Honorable Oumoul Koultchoumi Ahidjo rend compte aux populations de ses activités parlementaires.

La cérémonie s’est déroulée dans l’arrondissement de Baschéo, dans le département de la Bénoué.

C’est à une mobilisation de grand jour que l’on a assisté ce jeudi 23 juillet 2015 dans l’arrondissement de Bascheo à l’occasion de la cérémonie de comptes rendu parlementaires, de remise de dons aux centre de santé intégré (CSI) ainsi qu’aux associations et GIC agropastoraux par l’honorable député Oumoul Koultchoumi Ahidjo.

L'honorable Omoul Koultchoumi Ahidjo
L’honorable Omoul Koultchoumi Ahidjo

Et la place des fêtes de la sous-préfecture, site de la cérémonie, s’est très vite avérée petite pour contenir les populations venus nombreuses écouter ce à quoi s’est attelé celle qu’ils ont envoyée à l’assemblée nationale depuis bientôt 02 ans. Deux fastidieuses années durant lesquelles elle a participé aux travaux de la commission des finances et du budget. Elle a été également désignée par un arrêté du président de l’assemblée nationale comme membre de l’organe en charge du contrôle parlementaire des finances publiques dans les secteurs de la communication, de la culture, des sports et des loisirs. A côté des séances à l’hémicycle, l’honorable Oumoul Koultchoumi a également mené de nombreuses activités complémentaires. L’on peut citer ici sa participation au forum d’échanges entre les membres de la commission des finances de l’assemblée nationale et la chambre de la cour suprême. Féministe engagée, elle a également participé à la séance de travail avec la Minprofa dans le cadre du compte rendu de la plateforme d’action de Beijing en chine, 20 ans après.

S’agissant des activités associatives, Oumoul Koultchoumi Ahidjo a évoqué sa participation aux travaux de l’assemblée générale du réseau parlementaire « Espérance Jeunesse », aux travaux de l’assemblée générale élective du bureau du réseau des femmes parlementaires ainsi qu’à la réunion de création du réseau parlementaire du Septentrion dont le lancement a eu lieu à Belel dans l’Adamaoua. Quant aux missions à l’extérieur, l’honorable Oumoul Koultchoumi Ahidjo a participé aux travaux de l’Union Interparlementaire qui se s’est tenus au Vietnam, et le forum mondiale sur la transparence et l’échange des renseignements à des fins fiscales dont les travaux se sont tenus à Londres. S’adressant aux populations, l’honorable Oumoul Koultchoumi Ahidjo s’est reconnaissante et rassurante : « L’acte posé ce jour est le résultat de la confiance inébranlable que vous avez placé à ma modeste personne pour l’amélioration de nos conditions de vie. En dépit de la conjoncture difficile, je promets d’être toujours à l’écoute de tous, à la disposition de tous. »

Un responsable d'un Gic agropastoral recevant du matériel offert par l'honorable Oumoul Koultchoumi Ahidjo

La cérémonie riche également en animation proposer par des groupes de danse traditionnelle, s’est achevée avec la remise d’un important don aux centres de santé intégré ainsi que du matériel aux associations et Gic agropastoraux de l’arrondissement de Bascheo.