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Nord-Cameroun : au revoir ma très chère burqa !

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Le port de la burqa est désormais interdit dans l’Extrême-Nord Cameroun après les attentats-suicide de Fotokol. Quel est donc ce fameux vêtement qui déclenche tant de tumulte, fait autant de vague sur la Toile et est si prisé des terroristes kamikazes ?

Fotokol, bourgade de l’Extrême-Nord camerounais a été la cible d’attaques terroristes. Dans cette petite ville frontalière du Nigeria, « deux attentats-suicide non revendiqués jusqu’à présent ont eu lieu dans la nuit du 12 juillet 2015. Il s’agissait des premiers attentats kamikazes en terre camerounaise. Ils ont causé 13 morts. Les deux kamikazes étaient vêtus de burqa. La seconde kamikaze s’est fait exploser derrière le camp militaire du bataillon d’intervention rapide ; sans faire de victime ». Vingt-quatre heures plus tôt, le samedi 11 juillet, à des centaines de kilomètres de là, à Ndjamena au Tchad; un kamikaze déclenchait sa charge explosive à l’entrée sud du plus grand marché de la capitale tchadienne tuant une dizaine de personnes et faisant de nombreux blessés. Points communs entre ses deux attaques, le modus operandi. Des kamikazes, parfois des hommes déguisés en femmes, se dissimulant sous une burqa (voile intégral) qui permet de camoufler par ailleurs la charge explosive. Un nouveau mode opératoire du groupe terroriste Boko Haram qui charrie panique générale et psychose au sein de la population.

Depuis le double attentat de Fotokol, un débat sur l’interdiction ou non du port de la burqa fait des vagues sur la Toile parmi les internautes camerounais. C’est à de véritables joutes oratoires par claviers interposés que se livrent les internautes. Car comme en France, ici aussi le voile intégral déchaîne les passions. Pour Mamoudou. M par exemple, « l’interdiction de la burqa est un impératif au regard de la situation sécuritaire, il rendra davantage fluides les mouvements en milieu urbain, permettra d’identifier les terroristes avant leur passage à l’acte en observant par exemple leur faciès ». C’est dans ce sillage que se rangent les autorités de la région de l’Extrême-Nord qui ont interdit le port du voile intégral  : « J’ai pris cette mesure en raison de la situation sécuritaire dans la région et nous avons demandé aux gendarmes, aux policiers d’interpeller toute femme qui porte le voile intégral », a déclaré le 15 juillet le gouverneur Midjiyawa Bakari. Mais ils sont également nombreux, à penser que l’interdiction du port du voile uniquement ne pourra pas juguler le problème des attentats-suicide. Les terroristes trouveront toujours d’autres moyens pour dissimuler leur charge explosive car ils changent de stratégie tout le temps. Les terroristes de Boko Haram avaient déjà eu recours aux mines antipersonnel. Des engins de la mort redoutables et qui ont déjà ôté la vie à de nombreux éléments de l’armée camerounaise ainsi qu’à des civils. 

Que dit l’islam sur le voile intégral ?

Au Cameroun environ 20 % des 22 millions d’habitants sont musulmans, selon l’Institut national de la statistique (INS). Contrairement à ce que pensent de nombreux fidèles musulmans, la burqa ou niqâb n’est pas du tout obligatoire, car le visage et les mains de la femme ne sont pas une ‘awra (nudité). Une règle reconnue chez les quatre écoles sunnites. Enfin, aucun verset du Coran ni texte de la sunna n’existe qui oblige le voile intégral à la femme musulmane.


Cameroun : mortalité maternelle, la tragédie silencieuse

Le déficit de professionnels qualifiés en soins obstétricaux ou encore le manque de structures d’accueil et de suivi de femmes enceintes ne permettent pas aux femmes du Cameroun d’accoucher en toute sécurité.

Imane et Ikrame, deux innocentes jumelles grandiront, et ne connaîtront jamais leur mère, morte en leur donnant la vie il y a quelques jours à l’hôpital régional de Garoua. Entre la douleur et la colère, les parents de la jeune Koultchoumi décédée à la fleur de l’âge sont inconsolables. Comme l’instruit la tradition musulmane, la jeune fille a été inhumée aussitôt. Cette dernière est décédée des suites de complications post-natales. Ces deux filles sont désormais entre les mains de leur grand-mère, un exercice loin d’être évident pour cette septuagénaire qui se voit ramenée bon gré mal gré à l’école de la maternité : « Je vais élever mes petites filles comme je l’ai fait avec mes propres enfants. C’est pénible à mon âge, mais l’amour d’une mère ne s’éteint jamais».

Au Cameroun, la mortalité maternelle est une tueuse silencieuse, mais à grande échelle : une femme meurt toutes les deux heures en donnant la vie. Soit 12 femmes qui décèdent chaque jour qui passe juste parce qu’elles ont voulu donner la vie ! La mort tragique de la jeune Koultcoumi comme celui d’autres milliers de femmes avant elle aurait pu être évitée si toutes les grossesses avaient été bien suivies et si tous les accouchements étaient sécurisés dans les hôpitaux camerounais. Ces derniers i s’apparentent à de véritables « couloirs de la mort » pour nos femmes.

Protéger la mère, c’est protéger le futur enfant. © Anna Kari

Selon des statistiques, en moyenne 7 000 cas de décès sont enregistrés au Cameroun chaque année, en raison notamment de l’insuffisance d’une prise en charge obstétrique de qualité et l’accès difficile aux soins de santé. Héritage négatif des plans d’ajustement structurels, le Cameroun ne comptait que 129 sages-femmes qualifiées en 2011. Selon les normes de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il faudrait au minimum 5 400 professionnels pour prendre en charge dans les conditions acceptables, les millions d’accouchements enregistrés dans les hôpitaux du pays chaque année.

La mortalité maternelle se définit comme tout décès de la femme qui survient pendant la grossesse, l’accouchement ou les 42 jours qui suivent l’accouchement. Plusieurs facteurs peuvent justifier la hausse du taux de mortalité maternelle au Cameroun. On a les causes directes telles que les hémorragies, les infections, les éclampsies, le travail obstructif, les avortements clandestins. A cela s’ajoutent aussi des causes indirectes. Il s’agit notamment des pathologies aggravées comme le paludisme, le sida, les anémies. Certains évoquent également des facteurs socio-économiques à l’exemple de l’ignorance, la faiblesse des services sanitaires, la culture et la pauvreté. Notons également les coûts des prestations dans les hôpitaux qui demeurent encore élevés. La césarienne, cette opération qui consiste à faire accoucher la femme par voie haute en cas de complications coûte encore au moins 40 000 F CFA au Cameroun. Trop cher surtout quand on sait qu’au Bénin ou au Congo-Brazzaville par exemple l’Etat a instauré la gratuité de la césarienne (En 2009 pour le Bénin et 2011 pour le Congo). Des mesures qui portent déjà leurs fruits dans ces pays.

Pour le Cameroun en retard sur l’atteinte des Objectifs du Milliaire pour le Développement (OMD) dans ce domaine alors que nous avons atteint l’échéance de 2015, le défi s’annonce grand. D’ici 2018 le gouvernement camerounais veut réduire de 25 %, le nombre de décès lié à la naissance. Le 9 mai 2014 a été lancé à Yaoundé un Programme national multisectoriel de lutte contre la mortalité maternelle, néonatale et infantile chiffré à 30 milliards de F CFA par an pour sa mise en œuvre. Le 3 Juin 2015, le ministre de la Santé André Mama Fouda a procédé au lancement du programme chèque-santé en vue de la couverture sanitaire des femmes enceintes dans la ville de Garoua. Une batterie de mesures dont l’objectif est d’impulser l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant en rendant, entre autres actions préconisées, les soins obstétricaux disponibles à tous les niveaux de la pyramide sanitaire. Car comme l’a si bien dit la princesse Rabiatou Njoya, « Aucune femme ne devrait perdre sa vie parce qu’elle veut donner la vie. La vie est le bien le plus sacré […] Il ne peut y avoir renouvellement de la vie, si nous ne protégeons pas la mère, en rendant les accouchements plus sûrs. »


Cameroun – Sport équestre : Quand le cheval fait foule et fascine au Nord Cameroun

Une grande course hippique a rassemblée les grandes écuries du Septentrion ce weekend à Garoua, au Nord du Cameroun.

wp25fa40ae_05_00Plaisir et émotion étaient au rendez-vous du lancement de la 2eme édition du championnat national hippique 2014 – 2015 par l’Association du Club des amis du cheval, Cac Galop Cameroun, ce samedi 15 novembre 2014 à Garoua. Amoureux des chevaux, des courses et de la culture s’étaient tous retrouvés au stade municipal Ahmadou Hayatou afin de marquer d’une pierre blanche cet évènement mobilisateur à l’occasion duquel le stade hippodrome a été pris d’assaut par une foultitude de personne. Cette journée mettait en compétition les écuries de Garoua, Ngaoundéré, Maroua, Demsa, Dembo, Touroua et Bibémi. 49 chevaux au total on prit part aux quatre courses sur les distances de 1200, 1500, 1800 et 2000 mètres.

La première course d’une dotation de 119 000 FCFA, s’est courue sur une distance de 1200 mètres. Douze étalons étaient sur la ligne de départ. Au terme d’un duel de haut vol, c’est finalement Gargadjia (2) qui se hissera sur la première marche du podium, suivi de Bidi (9), Facture (12), Lamingua (3), et Tchekara Doubou (1). La deuxième course quant à elle, a connu la participation de treize chevaux, une dotation de 159000 FCFA pour une distance de 1500 mètres. Naim, l’étalon venu de Ngaoundéré a arraché haut la main la première place devant Adamaoua (10), Sergent Tchadien (13), Turkish (8) et Deby (1) ; respectivement à la 2eme, 3eme et 4eme place. S’agissant de la troisième épreuve, douze compétiteurs y prenaient part. Et sans grande surprise, le cheval Providence (5) a été le plus fort de cette épreuve couru sur les 1800 mètres. Les chevaux Harir (8), Kounfa Yakoun (10), Salam (6) de Demsa et Hercule (7) de Dembo se sont classés respectivement 2eme, 3eme et 4eme de l’épreuve. Pour la quatrième course, douze redoutables montures et leurs jockeys étaient sur la ligne de départ pour une dotation de 245 000 FCFA. Le cheval Touraki (4) a fait une démonstration de sa puissance devant les autres chevaux, en terminant premier de l’épreuve. Emergence, Zara, Mme Ambassadeur et Electronic viendront compléter le quarto gagnant de cette course.

Le côté culturel a été marqué par les prestations de quelques groupes de griots et des chanteurs de musiques tradimodernes qui ont régalé le public en liesse du stade hippodrome de Garoua. Le président du CACGalop Cameroun, Souaibou Bello Bah, qui n’a pas caché sa joie à l’issue de ce lancement, a par ailleurs indiqué que « cette 1ère journée inaugurale sera suivie de plusieurs autres compétitions équestres qui meubleront cette saison. Reparties en onze journées au total, les courses seront organisées respectivement dans les villes de Maroua, Garoua et Ngaoundéré. »

Hippodrome de Guider, quand les arbres font offices de tribune...Vip
Hippodrome de Guider. Quand les arbres deviennent des tribunes…Vip

Le cheval, un symbole millénaire dans le Septentrion

Les populations du Grand Nord Cameroun vouent un culte depuis la nuit des temps au cheval, cet animal de compagnie qui a été durant des générations un bien précieux et l’objet de multiples attentions dans les Lamidats du Sahel. Autrefois utiliser pour un usage guerrier, le cheval semble être devenu de nos jours un animal de parade pour les grandes fantasias organisées au gré des évènements qui meublent la vie dans les Lamidats. Certains l’utilisent pour des travaux champêtres. Tout de même, l’animal préserve toujours sa splendeur. Aujourd’hui encore, l’importance de son écurie demeure comme par le passé le signe extérieur de la prospérité du territoire d’un chef traditionnel appelé aussi « Lamido . Le Lamido de Demsa, localité situé non loin de Garoua, a d’ailleurs ouvert un musée du cheval dans sa propriété et entretien plusieurs chevaux. Le cheval est également l’objet de certaines croyances relevant de l’ordre du mystique. Contrairement à ce que l’on croit, les performances sportives d’un cheval ne sont pas toujours les critères les plus importants. Dans les grandes familles traditionnelles, l’achat du cheval se fait avec l’assistance d’un marabout ou un grand connaisseur. En effet, en fonction de sa robe, de ses apparences, de sa démarche et de son hennissement, un cheval peut protéger la famille des mauvais sorts, accroître la fertilité du bétail ou la prospérité commerciale de son propriétaire.

La fantasia, Une histoire entre le guerrier et le cheval

L’histoire de la fantasia naît dans le nord de l’Afrique c’est la rencontre entre l’homme et le cheval. C’est un terme qui désigne différents spectacles équestres traditionnels simulant les assauts militaires pratiqué essentiellement au Maghreb et dans les pays sahéliens parmi les populations musulmanes.

Fantasia du lamida de Guider

Dans la partie sahélienne du Cameroun, la fantasia est l’occasion de la démonstration de la puissance d’un Lamido lors des célébrations festives ou à l’occasion de la réception d’un dignitaire, ou d’un invité de marque dans la chefferie. Juchés sur des chevaux richement harnachés, des guerriers simulent un assaut brandissant épées et sabres et scandant la lignée du  Lamido, scandant des louanges en son honneur.

Griots du Nord Cameroun
Griots du Nord Cameroun


Burkina Faso – Transition : L’armée comme un cheveu dans la soupe !

Le lieutenant-colonel Zida a annoncé qu'il assumait le rôle de chef de l'Etat de transition au Burkina Faso. | Burkina24
Le lieutenant-colonel Zida a annoncé qu’il assumait le rôle de chef de l’Etat de transition au Burkina Faso. | Burkina24

Dans un communiqué lu ce dimanche 02 novembre 2014 par le Colonel Auguste Barry, l’armée à travers son porte parole burkinabè affirme : « Le pouvoir ne nous intéresse pas, seul l’intérêt supérieur de la Nation prime ». Tel un disque donc on maîtrise à la perfection le contenu, on a très vite envie de répondre qu’on connaît la chanson. Un refrain qu’ont fredonné en leur temps Moussa Dadis Camara en Guinée Conakry et Amadou Sanogo au Mali, deux militaires dont l’ivresse du pouvoir a fini par embrumer le cerveau. La suite on la connait, pour ces deux cas qui pensaient pourvoir abuser à satiété du pouvoir du peuple.

Pour être honnête, depuis l’annonce du renversement de Blaise Compaoré par la rue, j’avoue que j’ai commencé à cherché l’erreur dans cette révolution, un sursaut d’orgueil patriotique qui est à mettre grandement à l’actif du vaillant peuple Burkinabé. Des civils qui ont dû faire face aux balles sans gilets pare-balles, aux gaz lacrymogènes sans masques à gaz et à l’armée du dictateur déchu, les mains nues et avec pour seul bouclier le courage. C’est leur victoire. Une victoire acquise à coup de balais, de spatules et du sang versé.

Eurêka !! Après cogitation, l’erreur se dessine d’elle-même. Bien évidemment, ce sont ces militaires ! Soldatesque à la solde du régime et qui visiblement est décidée à conserver le pouvoir deux jours après la démission du président. Rien de surprenant jusqu’ici, car en vérité il fallait être sot pour croire que l’armée aurait déroulé le tapis rouge à un civil pour prendre les rênes du pouvoir. La situation est d’autant plus embarrassante quand on constate qu’un Lieutenant-colonel et un Général se disputent le pouvoir pendant que l’opposition n’a que sa voix pour crier à la confiscation du pouvoir. Ironique, j’ai même posé la question à un ami burkinabé à Ouaga sur Facebook :

– Qui est finalement le président de la transition au Burkina ?

– Un communiqué nous le dira, ou alors on verra qui de Zida ou de Traoré s’installera en fin de compte au palais présidentiel. En tout cas j’attends, m’a-t-il répondu.

Un pays, trois présidents en moins de vingt-quatre heures, entre vendredi 31 octobre et samedi 1er novembre 2014 ! Au-delà de la surprise, j’avais surtout honte. Honte car une fois de plus l’Afrique se livrait en spectacle. Une révolution si bien menée mais qui se termine en queue de poisson entre les différents acteurs. Bizarrement, comme en Égypte, un Abdel Fattah Al-Sissi, version Burkina, est sorti du lot et semble avoir sifflé la fin de la récréation. Le lieutenant-colonel Issac Zida, puisqu’il s’agit de lui, numéro 2 de la garde présidentielle, s’est autoproclamé chef de l’Etat, dans un communiqué diffusé sur les ondes d’une radio burkinabé. « J’assume les responsabilités de chef de cette transition et de chef de l’Etat pour assurer la continuité de l’Etat », affirme-t-il dans cette déclaration et il promet une transition « dans un cadre constitutionnel »

Des manifestants protestent contre l'accession au pouvoir du lieutenant-colonel Zida. Photo: AFP/Issouf Sanogo
Des manifestants protestent contre l’accession au pouvoir du lieutenant-colonel Zida. Photo: AFP/Issouf Sanogo

Et la société civile dans tout ce mélodrame ? Elle va devoir supporter encore une nouvelle fois le diktat des militaires héritiers de Blaise Compaoré, le temps d’une « transition », cette fameuse métaphore qui est en réalité une confiscation bien déguisée du pouvoir. Les militaires qui n’était pas attendus au bal, sont finalement ceux à qui profite le coup de balai citoyen. Trop occuper par les luttes de positionnement, personne ne parle des victimes, ceux qui ont été lâchement abattus par les soldats. Personne ne réclame justice pour ces pauvres victimes innocentes. L’Ebola politique fait des ravages.

Cet imbroglio au Burkina est surtout une leçon pour les partis d’opposition en Afrique. L’opposition burkinabé dans la précipitation, la guerre de leadership n’a pas compris que la « solidarité de corps » devrait plutôt primer car elle seule peut aboutir à la désignation d’un leader consensuel. Le nouveau Burkina Faso sera alors le fruit d’une concertation et d’une union de toutes les forces de l’opposition qui doivent faire bloc pour ne pas être prises au dépourvu et se faire voler « leur victoire » par les soldats de la 25e heure. Espérons seulement qu’au finish la volonté du peuple sera respectée et que les Burkinabé auront enfin un soleil radieux et sans tâche !


Otages de Kolofata et de Waza : Ils sont libres !

 

Après  de longs mois de captivité entre les mains de la secte islamiste Boko Haram, les 27 otages respirent l’air de la liberté depuis le samedi 11 octobre 2014.

Les otages chinois au départ de l'aéroport de Maroua samedi matin (crédit photo: Célestin Tabouli Succès)
Les otages chinois au départ de l’aéroport de Maroua samedi matin (crédit photo: Célestin Tabouli)

Scènes de liesse et moments d’émotion ce samedi 11 octobre dans la ville de Maroua, capitale de la région de l’Extrême Nord. Ici, l’on se réjouit de la libération des 10 otages chinois et les 17 camerounais détenus par le groupe terroriste Boko Haram et qui ont été rendus aux autorités camerounaises dans la nuit de vendredi à samedi à la frontière, dans un point frontalier en l’Etat du Borno et le Mayo-Sava. La nouvelle annoncée d’abord sur les réseaux sociaux tard dans la nuit par des journalistes et par certains proches des otages, a été ensuite confirmée dans un communiqué lu samedi matin sur les antennes de la radio d’Etat, la CRTV.

En mission commandée à Maroua depuis quelques jours, c’est au secrétaire général de la Présidence de la République Ferdinand Ngoh Ngoh que les ravisseurs ont remis les 27 ex-otages. Ils ont été présentés à la presse à Maroua avant leur départ pour Yaoundé à bord du C130 de l’armé de l’aire camerounaise affrété spécialement pour la circonstance. Bien qu’amaigris par de longs mois de captivités, les ex-otages semblaient visiblement en forme. A leur arrivée à Yaoundé, ils ont été accueillis au bas de la passerelle, par leurs proches et de nombreux membres du gouvernement. Tous en larmes, les Chinois ne vont pas manquer l’occasion d’exprimer leur joie de respirer enfin l’air de la liberté, tout comme Madame Amadou Ali qui a fondu en larme dans les bras de son époux, le vice premier ministre.

Le lamido-maire de Kolofata après sa libération (crédit photo: Célestin Tabouli)
Le lamido-maire de Kolofata après sa libération (crédit photo: Célestin Tabouli)

Les dessous d’une libération d’otages

Comme lors de précédentes prises d’otages d’étrangers attribuées à Boko Haram, les autorités de Yaoundé n’ont fourni aucune indication sur les conditions de la libération des 27 otages. Le ministre de la communication Issa Tchiroma Bakary a laissé cependant entendre que « Le gouvernement à mis tous les moyens ». L’on sait également que député du Mayo Sava, Abba Boukar Malla, était au centre de la médiation entre le Cameroun et les ravisseurs. Ce « négociateur » avait auparavant joué un grand rôle dans les négociations pour la libération de la famille Moulin-Fournier, le prêtre français Georges, les prêtres italiens et la sœur canadienne. Par ailleurs, le sémillant journaliste Gubaï Gatama de l’œil du Sahel, pour sa part croit savoir sur sa page facebook que : « En échange, le Cameroun a entre autres, libéré des membres de cette secte détenus sur son territoire. » Il s’agirait d’une trentaines de prisonniers détenus dans les prisons camerounaises. Une information que corrobore le journal L’Oeil du Sahel dans sa parution de ce lundi 13 octobre. Le journal que dirrige Guibaï Gatama croit savoir que le gouvernement camerounais aurait versé « une rançon de 3,2 milliards FCFA versés à la secte dont 1,5 milliards FCFA pour les dix chinois.»

La Une de l'Oeil du sahel du 13 Octobre 2014
La Une de l’Oeil du sahel du 13 Octobre 2014

Dans la nuit du 16 au 17 mai, des hommes armés avaient attaqué un campement d’ouvriers chinois à Waza, où se trouve un parc naturel connu pour la richesse de sa faune, avant de tuer un militaire camerounais et d’enlever dix Chinois. Les autorités camerounaises avaient attribué le rapt au groupe islamiste nigérian Boko Haram, mouvement qui mène une insurrection dans le nord du Nigeria voisin depuis 2009.

Le 27 juillet, deux attaques simultanées, également attribuées à Boko Haram, avaient visé la résidence locale du vice-Premier ministre chargé des relations avec le Parlement, Amadou Ali, dont l’épouse avait été enlevée, et le Palais du Sultan de Kolofata, Seiny Boukar Lamine, qui avait lui aussi été kidnappé avec son épouse et leurs cinq enfants. Au moins 15 personnes avaient été tuées lors de ces attaques.

Les enlèvements à répétition d’étrangers dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun ont obligés les chancelleries occidentales à classé cette région dans la « zone rouge », dont à haut risque pour leurs ressortissants qui ont dû quitter la région. Les quelques téméraires encore présents sont basés à Garoua dans le Nord ou à Ngaoundéré dans l’Adamaoua. Le départ des occidentaux et l’impossibilité d’accueillir de nouveaux touristes ont donné un sérieux coup de frein à l’activité touristique et ses autres dérivés. Par ailleurs, du fait du kidnapping des 10 travailleurs chinois à Waza, le chantier routier entre Waza et Dabanga exécuté par une entreprise chinoise a été interrompu et le dossier renvoyé au calandre grecque.

Depuis le début du conflit opposant la secte Boko Haram aux forces de sécurité nigérianes et camerounaises, des milliers de Nigérians craignant les exactions de Boko Haram sont réfugiés dans l’est du Niger (une zone aride en crise alimentaire récurrente), mais également dans l’extrême-nord du Cameroun où plusieurs milliers de Camerounais des villages frontaliers sont quant à eux partis vers l’intérieur du pays.

 


Fête de l’Aïd-el-kebir au Nord : Boko Haram et Ebola au menu des prédications !

Dans les mosquées les prêches n’ont pas esquivées la menace Boko Haram et la propagation du virus Ebola. Vigilance et collaboration avec les autorités administratives ont été prescrites aux fidèles par les leaders religieux de part et d’autre de la région du Nord.

Le lamido de Garoua, Sa Majesté Alim Garga Hayatou, à la grande mosquée de Garoua.

Les fidèles musulmans de la région du Nord se sont retrouvés le samedi 4 octobre pour célébrer l’Aïd-el-kebir. Communément appelée Fête du mouton ou encore Fête de la Tabaski, c’est la plus grande fête de l’islam, après celle qui sanctionne la fête du Ramadan. A cet occasion, hommes, femmes et enfants de la région sont tous aller unir leurs prières adresser à Allah le tout puissant.

Rattrapé par l’actualité, la célébration de la fête de la Tabaski cette année n’a pas échappé aux sujets brulant de l’heure dans la partie septentrionale du Cameroun. Notamment, la lutte contre la secte islamiste Boko Haram et la propagation du virus Ebola, qui étaient inscrites au menu des prêches dans les différentes mosquées de la région.

Dans le canton de Lam par exemple, la fête de la tabaski a été célébrée dans le recueillement et la ferveur. Modibo Haman Aroumzani, Iman de la grande mosquée de ce canton situé dans le département du Mayo Louti a axé sa prédication sur la promotion des prières au profit des jeunes et des personnes âgées. Sa Majesté Célestin Singaï Kangou dans une communication spéciale a invité les fidèles à dénoncer tout individu suspect pouvant appartenir à la secte Boko Harama et à éviter tout acte susceptible de perturber la paix au Cameroun.

Dans le lamida de Demsa, à quelques kilomètres de Garoua, la fête de l’aid el kebir s’est déroulée dans le calme et la sérénité. Les fidèles musulmans de cette localité à la suite de l’iman Abdoulaye de la grande mosquée de Gashiga, ont aussi prié pour le Cameroun. Conscient de la menace qu’elle fait peser sur la paix sociale, le lamido de Demsa a réitéré tout l’engagement des populations de son lamidat à soutenir les autorités camerounaises dans leur bataille contre la secte islamiste Boko Haram. Il a également sensibilisé les populations sur la nécessité de scolariser les jeunes mais surtout adopter des comportements hygiéniques sains en vue de prévenir le virus Ebola, mais également le choléra et d’autres maladies hydriques.

À Garoua, capitale régionale du Nord, la prière s’est déroulée à la grande mosquée de Poumpoumré en présence du gouverneur, du gotha administratif de la région du Nord et avec un déploiement impressionnant des éléments de force de l’ordre et de défense. Ici comme à Maroua dans l’êxtrême-nord, l’on craint d’éventuels attentats suicides que pourrait perpétrer la secte dans ce lieu de prière où près de mille personnes s’étaient retrouvé. L’imam Abdoulaye Modibo Marafa qui dirigeait la prédication a dans sa prière invité les fidèles à s’abstenir de faire du mal. Alim Hayatou, lamido de Garoua, dans son message a recommandé aux populations la paix, l’entente et le pardon.

Du côté de Gouna dans l’arrondissement de Lagdo, la fête de la Tabaski a été marquée par la prière pour la paix au Cameroun. L’imam Modibo Issa Abba qui a rappelé à l’assemblée que c’est Dieu qui décide de tout sur la terre. Le lamido de Gouna, Sa Majesté Yaya Aboubakari, a saisi l’occasion pour inviter les fidèles à la préservation de la paix et la sécurité. Il leur a par ailleurs recommandé la patience, la tolérance et la prudence face aux manipulateurs qui tapit dans l’ombre veulent à tout prix déstabiliser la Cameroun.

Comme il est de tradition, un mouton a été immolé en sacrifice à Allah dans les différents lieux de prière. La fête s’est poursuivie dans les familles et autres lieux de réjouissance populaire.


Sommet Etats-Unis/Afrique : à chacun son sommet !

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Sommet Etats-Unis/Afrique : le secrétaire d’État John Kerry sermonne les dirigeants africains

Entre les sermons de John Kerry et les protestations des associations de la société civile, certains chefs d’Etat Africains en voyage aux Etats-Unis étaient entre le marteau et l’enclume.

Ce n’est pas chaque jour qu’un remue-ménage de la taille du sommet américano-africain se produit au pays du hamburger. Et pour cause, le président Barack Obama et son gouvernement accueillent pendant trois jours une quarantaine de chefs d’État et de gouvernement africains, dont plusieurs foulent le tapis rouge de Washington malgré de mauvais bilans en matière de droits de l’homme. Les dirigeants africains, qui pour une fois ont eu plus fort qu’eux, se sont fait sermonner publiquement par le secrétaire d’État John Kerry: « Nous presserons les dirigeants de ne pas modifier les Constitutions pour leurs bénéfices personnels ou politiques », a-t-il déclaré. Ainsi, les Etats-Unis  qui ont légalisé la torture, les enlèvements, les arrestations et emprisonnements sans jugement, qui n’ont cessé de guerroyer sur tous les continents et de créer des monstres comme les terroristes islamistes veulent donner des leçons ? C’est le monde à l’envers ! « Qu’ils commencent par condamner les atrocités commises par Israël et balayer devant leur porte d’abord », a déclaré un chef d’Etat recalé.  Ne dit-on pas que la raison du plus fort est toujours la meilleure ? Qui parmi les chefs d’Etat présents à ce sommet pouvait riposter ?

Même si le secrétaire d’État a préféré ne pas évoquer de cas précis, notons cependant que parmi ces chefs d’Etat africains invités à ce sommet, certains s’illustrent par leur longévité au pouvoir, au point d’avoir privatisé le fauteuil présidentiel dans leur pays respectif. Il s’agit par exemple de la Guinée équatoriale, du Tchad, du Burkina Faso, de l’Angola, du Congo ou du Cameroun et de leurs indéboulonnables présidents Teodoro Obiang Nguema, Idriss Déby, Blaise Campaoré, Eduardo dos Santos, Denis Sassou-Nguesso et Paul Biya. Ce voyage aux Etats-Unis n’a donc pas été un fleuve tranquille pour certains chefs d’États africains. Outre la leçon de démocratie et de bonne gouvernance infligée à eux par John Kerry, ils ont également dû faire face aux  protestations de certaines organisations de la société civile.

Diaspora tchadienne : sit-in anti Déby devant la Maison Blanche

Présent à Washington  en cette occasion, les Tchadiens des Etats-Unis et du Canada ont protesté contre « le régime sanguinaire de Ndjamena, sa gestion clanique et sa diplomatie corruptive qui ternissent l’image et l’honneur du Tchad sur le plan international ». Toute la diaspora tchadienne était invitée le 5 août devant la Maison Blanche, à participer à cette journée de contestation contre la dictature, la corruption, les tortures et les éliminations physiques au Tchad. Pour Abdallah Chidi Djorkodei, président du comité d’organisation de cette protestation contre le président Déby : « Le tourbillon du Maghreb atteindra le Tchad pour libérer ses populations innocentes et victimes d’injustice et de répression ».

Manifestants tchadiens à New York
Sommet Etats-Unis/Afrique : manifestants tchadiens protestants contre le président Déby

Code et UFDC : Biya 32 ans au pouvoir c’est trop !

Le président camerounais Paul Biya a également goûté à la foudre des manifestants. Âgé de 81 ans et au pouvoir depuis 32 ans, le « chaud gars de Mvokmeka » qui avait ses quartiers au Four Season Hotel à Washington est sorti de son hôtel, le mercredi matin, dans une ambiance de confusion. Ce 6 août, en face de l’hôtel ses partisans et ses adversaires manifestaient. Une dizaine de membres du collectif des organisations démocratiques et patriotiques de la diaspora (Code) et de l’Union des forces démocratiques du Cameroun (UFDC) brandissaient des banderoles et des pancartes tout en criant, mégaphone à l’appui, des messages hostiles au président camerounais. Les manifestants ont également protesté devant le département d’Etat américain.

Manifestants camerounais à Washington
Sommet Etats-Unis/Afrique: manifestants camerounais à Washington.

Mon frère, il y a des jours où la fonction présidentielle n’est pas du tout un long fleuve tranquille. En plus du voyage et son côté « patate chaude », les chefs d’État africains ont dû s’accommoder, impuissants, des manifestants hostiles à leur pouvoir, et qui réclamaient leur départ des affaires. Faut pas se fâcher chers présidents, bienvenue au pays de la liberté d’expression !

 


Cameroun : les populations du Grand Nord sous le choc après l’attaque de Kolofata par Boko Haram

Après l’attaque de la ville de Kolofata, dans le nord du Cameroun, par les membres de la secte Boko Haram, c’est une population choquée et meurtrie qui témoigne cependant son soutien aux familles des victimes.

La nouvelle est tombée et a fait l’effet d’une bombe ce dimanche 27 juillet. « L’épouse du vice-premier ministre Amadou Ali enlevée au cours d’une attaque de sa résidence par des éléments de la secte Boko Haram. Le sultan-maire de Kolofata, Seini Boukar Lamine, son épouse, ses quatre enfants et sa nièce ont également été enlevés lors de cette attaque de Kolofata, faisant 16 morts. » 


Telle une traînée de poudre, la nouvelle s’est d’abord répandue sur les réseaux sociaux avant d’être reprise par les rédactions. Chacun y allant de sa version des faits, de son analyse et des commentaires de toute nature pour qualifier cette attaque « spectaculaire » qui survient dans une République où le chef suprême des armées et chef de l’Etat, Paul Biya, a déclaré la guerre à Boko Haram lors du sommet de l’Elysée, le 17 mai à Paris.

 Au centre de cette image le leader de Boko Haram, Abubakar Shekau.
Au centre de cette image le leader de Boko Haram, Aboubakar Shekau.

Des témoins affirment que l’attaque est survenue aux environs de 5 heures du matin dimanche. Les assaillants, lourdement armés, auraient d’abord attaqué le domicile du vice-premier ministre où sept personnes ont été tuées, avant de se déporter chez le maire de Kolofata où ils ont abattu quatre personnes.
Les témoins du drame font état de 16 morts et une dizaine de personnes enlevées. Des sources bien introduites indiquent par ailleurs que les assaillants étaient venus enlever le vice-premier ministre, Amadou Ali, et sa famille. Sur les raisons de cette attaque, les versions divergent.
L’Etat du Cameroun a réagi à travers la voix de son ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary dans l’après-midi du dimanche 27 juillet : « Il s’agit d’une agression brutale et d’une violence inqualifiable… Pour l’heure, nous ne disposons pas de toutes les données nous permettant de fournir une information plus complète sur les circonstances et le bilan exacts de cette attaque. » Une sortie médiatique « vide et moqueuse » de l’avis de nombreux Camerounais qui voient à travers cette communication de crise moyenâgeuse, une volonté du gouvernement de cacher la vérité à son peuple en tronquant les faits. Mais selon Oumarou Moktar, il s’agirait d’un problème de rançon promise et payée en partie aux terroristes. En effet, « les assaillants qui ont opéré ce matin avaient prévenu à l’avance l’entourage du vice-premier ministre qu’ils séviront ce week-end à Kolofata si jamais Amadou Ali ne leur restituait le solde de la rançon qui a abouti à la libération de la famille Laurent Fournier », affirme le président de la Jeunesse Arc-en-ciel du Septentrion et membre de la société civile.

               L'hebdomadaire L'Oeil du sahel - N° 622 du 29 juillet 2014
L’hebdomadaire L’Oeil du Sahel – N° 622 du 29 juillet 2014

L’émotion et la solidarité à l’égard des familles et des victimes…

Difficile de rester insensible face à une telle nouvelle. A Garoua, capitale du Grand Nord Cameroun, le sujet alimente toutes les conversations. Malgré le peu d’informations dont disposent les gens ici, l’on est tout de même sous le choc. La nouvelle de l’enlèvement a un peu assombri les festivités marquant la fin du jeûne du ramadan. Noura Sali Goni, l’épouse du sultan de Kolofata enlevée, se trouve être la fille de Elhadj Sali Goni, un richissime homme d’affaires basé à Garoua. Parents et amis se sont dont mobilisés à travers des prières afin qu’Allah lui vienne en aide ainsi qu’aux autres kidnappés, tout en saluant la mémoire des personnes civiles et militaires décédées lors de l’attaque. A Kolofata, la tristesse a pris la place des réjouissances le jour de la fête. La compassion a également gagné les réseaux sociaux où circule une chaîne de solidarité sur Facebook et sur Twitter.

Dans un contexte d’insécurité caractérisé par des attaques d’assaillants sur les villages de certaines hautes personnalités nordistes, de nombreuses élites du Grand Nord ont préféré ne pas rentrer pour effectuer la prière de fin de ramadan dans leurs villages respectifs comme à l’accoutumée. Ainsi, Bello Bouba Maïgari le ministre du Tourisme et leader de l’UNDP (Union nationale pour a démocratie et le progrès) ou encore le lamido de Moulvoudaye ont effectué la prière à Garoua. Amadou Ali a pour sa part fait sa prière à Maroua, les autorités lui ayant déconseillé de se rendre à Kolofata. La situation est extrêmement tendue dans la région de l’Extrême Nord, notamment dans les zones frontalières au Nigeria considéré comme une zone de refuge par les éléments de Boko Haram qui y multiplient des enlèvements d’étrangers, des attaques contre les militaires et les civils.

Boko Haram au Cameroun: Voici un petit résumé des attaques de la secte répertoriées au mois de juillet 2014 au Cameroun (Cliquer ici pour ouvrir le lien).


Lions Indomptables : Prési, la sanction c’est combien ici ?

Les Lions Indomptables: "jamais sans nos primes"
Les Lions Indomptables du Cameroun: « jamais sans nos primes »

Prési je suis palapala ! Prési je suis embrouillé, le foot m’a traumatisé !

J’ai décidé une fois de plus de t’écrire car comme tu sais, « lorsque ta bouche te gratte, parles » ; me dit souvent ma mère. J’ai décidé de t’écrire afin de te faire le kongossa de ce que j’ai dans le ventre car mon ventre, Prési, n’est pas un coffre-fort et moi je ne suis pas une banque pour prétendre garder tout cela.

Prési, J’ai décidé de t’écrire car tes ministres nous ont convaincus, discours à l’appui, que tu es le premier sportif au Cameroun. J’ai donc décidé de t’écrire pour te parler de sport, de football plus précisément.

Prési, certains hauts responsables de ce pays, et ils parlent chaque jour en ton nom, à travers leurs agissements, ont fini par me convaincre que le Cameroun bien que créé par Dieu, a cependant été pris en otage par le diable qui y a installé certains de ses suppôts parmi les dirigeants. Et ceux-ci n’y sont pas allés par quatre chemins pour ridiculiser notre pays aux yeux du monde avec une rocambolesque histoire de primes des Lions indomptables.

Incroyable ! Les Lions indomptables ont refusé d’embarquer dimanche dernier à bord de leur avion pour se rendre au Mondial brésilien. En cause, l’absence d’un accord avec la Fédération camerounaise de football sur les primes pour le Mondial. Après moult tractations et palabres de toute sorte,  c’est finalement ce lundi au petit matin, avec plus de vingt-quatre heures de retard, que les coéquipiers de Samuel Eto’o ont embarqué pour le Brésil.

Depuis le début de ce vaudeville de mauvais goût, certains voient dans le geste des Lions de la cupidité : « 50 millions pour seulement courir 90 minutes ? Ils sont en mission pour le vert rouge jaune ou pas ? Ils ont les longs yeux hein ?», disent-ils.

En vérité Prési je vois surtout ici de la défiance vis-à-vis des dirigeants qui gèrent le football. La défiance de la part des jeunes qui en ont marre d’être spoliés par leur propre pays, à travers certains dirigeants véreux qui bâtissent leur fortune à la sueur du front des autres.

Prési, il ne faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. La Coupe du monde va rapporter beaucoup d’argent à la Fecafoot, qui devrait empocher la prime accordée par la Fifa et les sommes versées par les sponsors, parmi lesquels figurent l’équipementier Puma, l’opérateur téléphonique Orange et les Brasseries du Cameroun. Un gâteau qui selon les marabouts de le Fecafoot ne serait bon que pour ses dirigeants voleurs et non pour les joueurs, réels producteurs de toute cette manne.

Parmi tous ceux qui parlent de patriotisme, combien vont en mission dans le cadre de leur service sans réclamer les frais ? Question patriotique ! C’est trop facile de taxer de cupides des jeunes qui engraissent une fédération à hauteur de trois milliards, tandis que celle-ci  ne daigne même pas leur reverser un centime. Que ceux qui aiment tant le Cameroun portent le maillot et aillent jouer gratuitement au Brésil et assurent leur prise en charge. De toutes les façons la course des enfants a toujours été le matin.

 Il n’y a pas de honte à réclamer son dû alors qu’on risque sa vie sur un terrain de foot parce qu’on veut gagner dignement son pécule et offrir une vie décente à sa famille, qui vit dans un pays sans électricité ni eau potable. Il n’y a pas de honte quand on décide de ne plus se faire arnaquer par des fonctionnaires véreux. Honte plutôt à ceux-la qui soutiennent que des compatriotes travaillent sans être rémunérés à leur juste valeur

Prési, quel est ce pays où toutes les participations depuis 1990 sont émaillées de scandales ? En 1990, les dirigeants se sont perdus dans les mapanes avec les primes des joueurs, aucun d’entre eux n’a été blâmé. En 1994 l’argent du peuple, le coup de cœur, a disparu entre Yaoundé et les Etats Unis. Les responsables de cette vaste escroquerie officielle n’ont point été sanctionnés. En 2002, les Lions ont retardé d’une semaine leur départ de la France pour le Japon afin de récupérer l’argent qui leur avait été promis. En 2010 en Afrique du Sud il y a eu le scandale du trop perçu, et en 2014 encore une autre affaire de primes des Lions indomptables. Le Cameroun c’est le Cameroun !

Prési, dans ce pays les fonctionnaires ont visiblement inventé le vaccin contre la honte et le ridicule. Oui, il faut être camerounais pour traîner sa propre équipe nationale dans la boue. Oui, il faut être camerounais pour ternir l’image de ses compatriotes à travers le monde en faisant la Une des médias. Tristement célèbre j’ai envie de dire, mais je crois que le pathétiquement ridicule nous sied à merveille. Oui, il faut être camerounais  pour ne jamais tirer les leçons du passé. Oui, il faut  être camerounais pour remettre son drapeau à un étranger. Prési…quelle image!

L'Allemand Volker Finke reçoit le drapeau des mains du premier ministre camerounais
L’Allemand Volker Finke reçoit le drapeau des mains du premier ministre camerounais

Le Comité de normalisation de la Fecafoot, Joseph Owona, devrait avoir honte d’incriminer les joueurs en prétendant qu’ils exigent une prime qui n’a pas encore été versée par la FIFA. Il ne faut pas aller à l’école pour savoir qu’un tel événement se prépare des mois à l’avance. Ce comportement est puéril de la part du comité de normalisation qui ne semble pas avoir retenu les leçons du passé. Ne dit-on pas que les échecs du passé sont la meilleure école ? Mieux, gouverner c’est prévoir et aucune gestion efficiente n’est possible sans prévision. Malheureusement, après les multiples échecs du passé, nous avons toujours affaire aux dirigeants qui se démarquent par l’improvisation et la roublardise, ce qui est tout simplement dommage.

 D’autre part, dupés par le passé, il y a aujourd’hui une grave crise de confiance entre les dirigeants et les joueurs qui ont pour la plupart l’âge de leurs enfants.  Alors au lieu de jouer à la victime, les dirigeants doivent plutôt travailler à rétablir cette confiance avec les joueurs en étant honnêtes avec ces derniers, car la confiance se mérite.

Prési tout va mal dans ce pays et tu le sais. Alors parfois il faut alors des révolutions insurrectionnelles passives comme celle des Lions pour y parvenir. Mais attentions Prési ! Car ce sont les petites rivières qui, réunies, donnent naissance aux grands fleuves. De peur d’être confronté à une grogne d’une plus grande ampleur, il serait judicieux de retirer dès maintenant de la bouche toutes les dents pourries de peur que celles-ci ne contaminent les autres.

Prési, sort ton fameux « bic rouge des grandes sanctions » et biffes dès à présent le nom de certains hauts cadres qui, au lieu de s’illustrer par le bon exemple, nous souillent aux yeux du monde en mondovision.

Prési j’ai confiance, je sais que tu vas réagir. Le journal de 17h du poste national, tel un culte, aura davantage de fidèles dans les jours à venir.

Les Lions sont au Brésil, j’attends avec impatience de les voir mouiller le maillot pendant que les fonctionnaires qui les accompagnent seront dans leur business ou en train de se prélasser sur les plages de sable fin de Copa Cabana aux frais du contribuable camerounais. Le  Cameroun c’est le Cameroun, allez les Lions et honte à ceux qui soutiennent l’injustice !


Musique: Vakoté Yama sonne l’heure du réveil pour l’Afrique

L’artiste camerounais installé en Norvège vient de sortir son second album intitulé «Finu».

Vakoté Yama2
Vakoté Yama

Après trois années de recherches et de créations, Vakoté Yama sort enfin son second album baptisé « Finu ». Dans cet opus qui dégage un air de maturité, Vakoté sonne l’heure du réveil des consciences, le réveil identitaire et le réveil culturel.

En effet, sept ans près son premier album « Samira » qui l’a révélé au grand public, l’artiste camerounais avait hâte de gratifier les mélomanes de nouvelles saveurs musicales. Et c’est chose faite désormais grâce à cet album de 11 titres à mi-chemin entre le jazz et la musique sahélienne, onze coups qui sonnent comme un appel l’éveil.

D’ailleurs lui-même le confirme « Finu signifie réveilles-toi en fulfuldé. C’est un appel à l’Afrique. L’Afrique a tant dormi, tant attendu, tant tendue la main à l’Occident. Il est temps, il est grand temps qu’elle se réveille et prenne son destin en main ».

Sur le plan thématique, dans cet album Vakoté Yama décrit des scènes de la vie quotidienne, il parle de l’amour, il loue l’hospitalité Africaine, il invite à la compassion, il fustige l’injustice et dénonce l’immigration.

« Finu » est un projet musical abouti qui se démarque comme étant un album engagé à travers lequel son auteur dénonce les politiques économiques mises en place par nos dirigeants et qui « permettent aux investisseurs occidentaux de se servir de nos richesses et de rapatrier systématiquement leurs profits vers leurs pays au détriment des populations locales qui sombrent dans la pauvreté, au détriment des investisseurs locaux qui doivent se contenter des miettes ».

Sur le plan technique, l’album se démarque par sa bonne qualité sonore de l’instrumentation savamment orchestrée au Bigola studio à Maroua où l’artiste à travaillé avec les jeunes musiciens Camerounais et Norvégiens: Djoulo Alexandre, Aoudou Zalazoulou, Daouda Ja’e, Samy Ebongue, Tandap Willy, Désiré Volcan, Karianne Christensen (chanteuse norvégienne), Jon Einar Hagen (guitariste norvégien). Le mixage final et le mastering ont été réalisés au studio de mastering Eyemat à Lyon par Mathieu Monno.

Vakoté Yama

A propos de son parcours dans la musique, Vakoté Yama confie : « J’ai commencé à chanter dès le bas âge dans les chorales. En 1990 mon premier groupe est né, créé avec mes copains du collège. Quoique nous ayons un bon répertoire, nos propres compositions, nous n’avons pas eu l’opportunité de  nous faire connaitre. J’ai eu la chance de faire en 1995/96 une année dans une école de musique à Oslo en Norvège dans le cadre d’un projet d’échange. Ce séjour m’a permis de travailler avec des professionnels, de maitriser la scène et de faire la connaissance du milieu musical d’Oslo. Je m’y suis installé quelques années plus tard et après un début pas facile, j’ai pu mettre sur pied en 2003 le Bigola band, groupe avec lequel j’ai évolué pendant plusieurs années en alternance avec le Sidiki Band où j’évoluais aussi. Nous avons travaillé dur, fait des tournées, offert de grands spectacles. Cette collaboration a abouti à la réalisation de l’album « Samira » en 2007, produit sous le label « Crystal Air music », suivi par « Finu » vers la fin d’année 2013. Le voyage continue et le prochain album ne tardera pas à venir. Il ne prendra pas autant de temps que le deuxième ».

« Finu » est un album qui s’écoute dans modération, une perle musicale qui a sa place dans votre audiothèque personnel. Et sa douceur séduirait même les oreilles les plus rudes !

Playlist :

1-Duniyaaru

2-Finu

3-Bekeu

4-Ton rêve

5-Yimbe ma

6-Widoua

7-Sannu

8-Taata dillu

9-Le chemin

10-Mi reenete

11-Gagra