Otages de Kolofata et de Waza : Ils sont libres !

13 octobre 2014

Otages de Kolofata et de Waza : Ils sont libres !

 

Après  de longs mois de captivité entre les mains de la secte islamiste Boko Haram, les 27 otages respirent l’air de la liberté depuis le samedi 11 octobre 2014.

Les otages chinois au départ de l'aéroport de Maroua samedi matin (crédit photo: Célestin Tabouli Succès)
Les otages chinois au départ de l’aéroport de Maroua samedi matin (crédit photo: Célestin Tabouli)

Scènes de liesse et moments d’émotion ce samedi 11 octobre dans la ville de Maroua, capitale de la région de l’Extrême Nord. Ici, l’on se réjouit de la libération des 10 otages chinois et les 17 camerounais détenus par le groupe terroriste Boko Haram et qui ont été rendus aux autorités camerounaises dans la nuit de vendredi à samedi à la frontière, dans un point frontalier en l’Etat du Borno et le Mayo-Sava. La nouvelle annoncée d’abord sur les réseaux sociaux tard dans la nuit par des journalistes et par certains proches des otages, a été ensuite confirmée dans un communiqué lu samedi matin sur les antennes de la radio d’Etat, la CRTV.

En mission commandée à Maroua depuis quelques jours, c’est au secrétaire général de la Présidence de la République Ferdinand Ngoh Ngoh que les ravisseurs ont remis les 27 ex-otages. Ils ont été présentés à la presse à Maroua avant leur départ pour Yaoundé à bord du C130 de l’armé de l’aire camerounaise affrété spécialement pour la circonstance. Bien qu’amaigris par de longs mois de captivités, les ex-otages semblaient visiblement en forme. A leur arrivée à Yaoundé, ils ont été accueillis au bas de la passerelle, par leurs proches et de nombreux membres du gouvernement. Tous en larmes, les Chinois ne vont pas manquer l’occasion d’exprimer leur joie de respirer enfin l’air de la liberté, tout comme Madame Amadou Ali qui a fondu en larme dans les bras de son époux, le vice premier ministre.

Le lamido-maire de Kolofata après sa libération (crédit photo: Célestin Tabouli)
Le lamido-maire de Kolofata après sa libération (crédit photo: Célestin Tabouli)

Les dessous d’une libération d’otages

Comme lors de précédentes prises d’otages d’étrangers attribuées à Boko Haram, les autorités de Yaoundé n’ont fourni aucune indication sur les conditions de la libération des 27 otages. Le ministre de la communication Issa Tchiroma Bakary a laissé cependant entendre que « Le gouvernement à mis tous les moyens ». L’on sait également que député du Mayo Sava, Abba Boukar Malla, était au centre de la médiation entre le Cameroun et les ravisseurs. Ce « négociateur » avait auparavant joué un grand rôle dans les négociations pour la libération de la famille Moulin-Fournier, le prêtre français Georges, les prêtres italiens et la sœur canadienne. Par ailleurs, le sémillant journaliste Gubaï Gatama de l’œil du Sahel, pour sa part croit savoir sur sa page facebook que : « En échange, le Cameroun a entre autres, libéré des membres de cette secte détenus sur son territoire. » Il s’agirait d’une trentaines de prisonniers détenus dans les prisons camerounaises. Une information que corrobore le journal L’Oeil du Sahel dans sa parution de ce lundi 13 octobre. Le journal que dirrige Guibaï Gatama croit savoir que le gouvernement camerounais aurait versé « une rançon de 3,2 milliards FCFA versés à la secte dont 1,5 milliards FCFA pour les dix chinois.»

La Une de l'Oeil du sahel du 13 Octobre 2014
La Une de l’Oeil du sahel du 13 Octobre 2014

Dans la nuit du 16 au 17 mai, des hommes armés avaient attaqué un campement d’ouvriers chinois à Waza, où se trouve un parc naturel connu pour la richesse de sa faune, avant de tuer un militaire camerounais et d’enlever dix Chinois. Les autorités camerounaises avaient attribué le rapt au groupe islamiste nigérian Boko Haram, mouvement qui mène une insurrection dans le nord du Nigeria voisin depuis 2009.

Le 27 juillet, deux attaques simultanées, également attribuées à Boko Haram, avaient visé la résidence locale du vice-Premier ministre chargé des relations avec le Parlement, Amadou Ali, dont l’épouse avait été enlevée, et le Palais du Sultan de Kolofata, Seiny Boukar Lamine, qui avait lui aussi été kidnappé avec son épouse et leurs cinq enfants. Au moins 15 personnes avaient été tuées lors de ces attaques.

Les enlèvements à répétition d’étrangers dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun ont obligés les chancelleries occidentales à classé cette région dans la « zone rouge », dont à haut risque pour leurs ressortissants qui ont dû quitter la région. Les quelques téméraires encore présents sont basés à Garoua dans le Nord ou à Ngaoundéré dans l’Adamaoua. Le départ des occidentaux et l’impossibilité d’accueillir de nouveaux touristes ont donné un sérieux coup de frein à l’activité touristique et ses autres dérivés. Par ailleurs, du fait du kidnapping des 10 travailleurs chinois à Waza, le chantier routier entre Waza et Dabanga exécuté par une entreprise chinoise a été interrompu et le dossier renvoyé au calandre grecque.

Depuis le début du conflit opposant la secte Boko Haram aux forces de sécurité nigérianes et camerounaises, des milliers de Nigérians craignant les exactions de Boko Haram sont réfugiés dans l’est du Niger (une zone aride en crise alimentaire récurrente), mais également dans l’extrême-nord du Cameroun où plusieurs milliers de Camerounais des villages frontaliers sont quant à eux partis vers l’intérieur du pays.

 

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